En notre époque de médias triomphants, les images s’imposent comme des objets finis, et notre regard est trop las pour vouloir pressentir leurs marges et leur part inconnaissable. Roger Crittin retourne le schéma. Son oeuvre ne se contente pas d’elle-même. Elle entraîne son spectateur dans un flux de suppositions enchantées. Que vois-je dans ces photographies? Un morceau de peinture abstraite ? Un débris de jachère industrielle? Et ce rouge et ce bleu, sont-ils des gouttes d’eau travesties? Sont-elles tombées de mon chagrin sur ce papier? Telles sont explorations mentales et psychiques suscitées par la beauté quand elle se dérobe aux désignations. Elle nous emporte hors de ce que nous en apercevons. Après quoi nous saurons penser le monde, peut-être, au-delà de ce que nous en connaissons. Ainsi naissent l’art et la politique. Christophe Gallaz