L’Amérique colonial fut l’espace-temps originel de la race comme technologie de pouvoir. Celle-ci s’est avérée bien plus durable et plus stable que le colonialisme formel : il constitue aujourd’hui encore le fondement de cette violence structurelle qui, partout dans les Amériques, perpétue la distribution inégalitaire des ressources de la vie et des privilèges de la citoyenneté. Mais la race n’est pas seulement un dispositif de relégation sociale et ontologique ; elle est aussi le nom d’un conflit qui traverse toute l’histoire du continent. Cet ouvrage vise précisément à étudier selon quelles modalités les intellectuell.e.s noir.e.s et indigènes sont parvenu.e.s, contre les grands mythes nationalistes du métissage ou encore du creuset égalitaire, à faire de la race et des identités négatives auxquelles ils/elles étaient assigné.e.s l’espace du déploiement d’une puissance politique propre.weiterlesen